[Conseil général du Rhône. Journée d'études sur le thème...

[Conseil général du Rhône. Journée d'études sur le thème "Décentraliser les universités ?"]
droitsCreative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisationBibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPT1085C 04
technique1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
historiqueUne journée de réflexion sur le thème "décentraliser les universités ?" s'est tenue le 2 février 1990 au Conseil général. L'occasion de discuter des conditions d'un partenariat entre enseignement supérieur et collectivités territoriales.
historiqueA l'heure où l'Etat ne peut plus assumer seul le chantier universitaire français et où les facultés ont à faire face à un afflux croissant d'étudiants, quel rôle peuvent jouer les collectivités territoriales dans le domaine de l'enseignement supérieur ? Vaste question sur laquelle se sont penchés durant toute la journée [du 2 février 1990] près de trois cents universitaires, chercheurs, responsables politiques et industriels, à l'occasion d'une rencontre organisée par le Conseil général du Rhône et l'Institut de la décentralisation sur le thème "Décentraliser les universités ?". Plusieurs heures de débats ont abouti à l'émergence de trois thèmes majeurs : autonomie, multi partenariat et filières professionnalisantes. Point de départ et d'unanimité des débats : la décentralisation des universités passe obligatoirement par une autonomie renforcée des établissements. Mais, comme a tenu à le souligner Michel Cusin, président de Lyon II, "autonomie ne veut pas dire indépendance. Car l'indépendance totale est un leurre à l'intérieur du service public". Il faut donc que les universités soient davantage autonomes une réalité qui passe par plus de pouvoirs pour qu'elles puissent ainsi contracter avec différents partenaires. "Différents" partenaires car il n'est pas question de passer du "Tout Etat" au "Tout région". Comme l'explique Michel Cusin, "décentraliser ne signifie pas ôter à l'Etat ses compétences mais ôter à l'Etat ses omnicompétences. Il deviendrait un partenaire privilégié parmi d'autres". D'autres, c'est-à-dire, la Région, le Département, la commune, les entreprises. Mais si transfert il y a, encore faut-il lui donner un cadre. Et la question de l'intervention du législateur a fait apparaître des points de vue différents. "Il ne faut pas, pour le moment, de cadre législatif car l'université a besoin de consensus et non de débat national. Le problème doit se poser en terme de transfert de charges. Il appartient à chaque région de définir une structure d'échanges", estime Bernard Pouyet, président de Grenoble II. Alors que Michel Cusin se dit "pour un multipartenariat législativement dans les textes". Du côté des collectivités locales, chacune se dit prête à intervenir dans l'enseignement supérieur, un domaine dans lequel certaines ont déjà pris part, mais sous certaines conditions. "Nous ne voulons pas être des cochons-payants, de simples bouche-trous mais participer au système éducatif. Je ne veux pas m'entendre dire "Paie et tais-toi", Ainsi, Charles Millon, président du Conseil régional Rhône-Alpes, conçoit une intervention si celle-ci ne se limite pas à la simple construction de bâtiments mais englobe la mise en place de formations professionnalisantes en premier cycle, en harmonisation avec l'environnement économique local. "Nous ne voulons pas nous substituer à l'Etat mais que la tutelle de l'Etat s'efface au profit d'une université autonome qui contracte avec d'autres partenaires". Quant à Jean Palluy, président du Conseil général du Rhône, il se dit prêt à "augmenter son aide dans un esprit de partenariat bien coordonné". Mais si la décentralisation pourrait permettre aux universités de répondre à la demande sociale ainsi qu'à celle des entreprises, des craintes et des difficultés sont mises en avant. Pierre Saget, chargé de mission au Comité national d'évaluation des universités, a mis en garde les participants sur trois écueils à éviter. "Le risque est de voir les régions choisir d'aider des formations directement rentables pour l'économie, que les rapports se politisent et que l'enseignement supérieur s'atomise à travers des délocalisations successives". Mais, pour Pierre Sauget, ces craintes peuvent trouver une réponse si les établissements sont suffisamment puissants pour constituer un contre-pouvoir capable de contracter et de mener leur propre politique de développement. Une chose est sûre et acceptée par tous, face à la montée en puissance des collectivités territoriales et à l'afflux d'étudiants, l'autonomie des universités est à un tournant. Et la tâche de ces dernières est multiples : désormais, elles doivent, à la fois, poursuivre leur mission de recherche et d'adaptation des formations, participer à la promotion et au rayonnement d'une région et assurer leur fonction d'accueil des bacheliers. Mais, dans l'optique d'amener 80% d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat, la future population universitaire va devenir fondamentalement hétérogène. Comme l'a souligné Pierre Saget, "le quantitatif est insuffisant. Il y a nécessité de mener une réflexion qualitative". Si délocalisation et formations professionnalisantes représentent des réponses à la nécessité de permettre à tous les étudiants de réussir, chacune de ces deux solutions ont leurs limites. Ainsi, si les antennes universitaires délocalisées permettent aux établissements d'éviter l'asphyxie et aux collectivités locales de mettre en avant leur région ou leur ville, elles rendent les étudiants captifs, c'est-à-dire cantonnés aux études offertes, qui se réduisent la plupart du temps au droit et sciences humaines. Quant aux formations professionnalisantes, elles peuvent être une solution pour diminuer le taux d'échec en premier cycle mais, comme l'a souligné Henri Moulard de la Lyonnaise de banque, "leur intitulé est ambigu. Les entreprises ne veulent pas que l'université forme des produits finis mais des produits adaptables". Le 15 février [1990], les universités remettront au ministère de l'Education nationale leur projet de contractualisation pour les quatre années à venir. La liste des souhaits de chaque établissements sera sans doute très longue et l'Etat ne pourra certainement pas répondre à toutes les demandes. Les collectivités territoriales prendront-elles le relais ? Sans aucun doute. Universités et élus locaux étant tous prêts à tenter réellement l'expérience d'une collaboration. L'avenir dira si celle-ci est fructueuse. Source : "La décentralisation entre en fac" / Sandrine Blanchard in Lyon Figaro, 2 février 1990, p.8.
note à l'exemplaireNégatif(s) sous la cote : FIGRP01617.
note bibliographique"De l'université à la diversité" / B.T. in Lyon Matin, 2 février 1990. - "Autonomie et partenariat pour les universités" / M.R.-P. in Le Progrès de Lyon, 2 février 1990.

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